Histoire du village

Village occitan du Lauragais

Santa-Fe-de-Grefuèlh

Lorsque les Romains découvrirent Sainte-Foy et décidèrent d’y installer une communauté, nous ignorons quel nom ils lui donnèrent, mais nous pouvons l’imaginer. Souvent, les domaines gallo-romains portaient le nom du propriétaire de la « villa » (grande ferme, domaine) suivi du suffixe « acum » comme, par exemple, « Auriacum » (le domaine d’Aureus) qui a donné « Auriac » ou « Albiacum » (le domaine d’Albius) qui a donné «Albiac».

Le nom de « Sainte-Foy », ou plutôt Sancta-Fides (forme latine) ou Santa-Fe (forme occitane) semble être apparu vers le XIème siècle lorsque le seigneur du Bousquet (intégré de nos jours à St-Pierre-de-Lages) bénéficia d’un des miracles de Sainte-Foy. «Aigrefeuille» vient du latin « acrifolium », le houx, (Sainte-Foy était entouré de bois remplis de houx), qui donna « grefuèlh » en occitan. Le nom de Sainte-Foy était donc « Santa-Fé de Grefuèlh » et ses habitants étaient « les Fidésians ».

La famille seigneuriale de Sainte-Foy est citée dans les textes pour la première fois en 1189. Au XIIIème siècle, elle soutint la cause cathare et Pons de Sainte-Foy fut diacre du Lantarès. A la même époque eut lieu la bataille du fort du Pujol, aujourd’hui disparu. Il semble qu’après la victoire finale des croisés, la famille de Sainte-Foy ait perdu sa seigneurerie au profit de la baronnie de Lanta et du seigneur de Villèle (intégré de nos jours à Préserville) qui se la partagèrent.

Au XVIème siècle, l’un des seigneurs est Pierre-Louis de Paulo, issu d’une grande famille parlementaire du Lauragais. En 1536, le village compte « 33 feux » (33 familles). A cette époque la région est très riche grâce à la culture du pastel. Lorsque l’indigo vint gravement le concurrencer, sa culture fut abandonnée, au profit de celle des céréales.

A la même période, la région est en proie à de graves troubles dus au conflit entre catholiques et protestants. Le baron Hunauld de Lanta, capitoul et sympathisant de la nouvelle religion, sera pendu au cours de la répression.

Le XVIIème siècle et le début du XVIIIème furent marqués par de terribles épidémies de peste, des inondations, des famines et des hivers extrêmement rigoureux qui firent de très nombreuses victimes.

Un marché se tenait à Sainte-Foy tous les samedis ainsi que quatre foires par an, en janvier, avril, août et octobre (pour la Ste Foy) au XVIIIème siècle.

Le Blason de notre commune

Le blason de notre commune a été créé dans les années 1990, pas forcément dans les règles de l’art héraldique selon les puristes, même si son esthétique est réussie et si les symboles sont tout à fait appropriés et très forts.

La branche de houx : autrefois le houx poussait en abondance dans les bois, alors plus denses autour du village, d’où son nom de Ste-Foy d’Aigrefeuille, «Aigrefeuille» venant du latin « acrifolium » et de l’occitan agrifoul et grefuelh, le houx.

La croix occitane : notre commune se situe en Lauragais, région occitane. « La croix occitane est  l’emblème historique, culturel et authentique de toute l’Occitanie ».

La croix

La croix est l’un des plus vieux symboles du monde. On la trouve dans l’art pariétal et dans la plupart des grandes civilisations de l’antiquité, donc bien avant l’ère chrétienne. La croix occitane pourrait avoir des origines ibères, celtes et wisigothiques et n’était donc pas chrétienne au départ même si elle l’est devenue en passant, au gré des invasions, par Constantinople et Alexandrie dont les églises respectives (byzantine et copte) utilisaient des croix ressemblant tout à fait à la croix occitane. Ces croix, dites grecques, aux branches égales, étaient des « chrismes » et non des crucifix qui apparurent plus tard et sont les symboles de l’église catholique (croix latines). Les branches sont terminées par trois boules qui auraient symbolisé d’abord les douze signes du zodiaque, puis, plus tard, la Trinité divine pour les chrétiens.

Il semblerait que cette croix ait été transmise aux Comtes de Toulouse par le mariage d’Emma de Provence – Venasque avec le Comte de Toulouse Guilhem-Taillefer (978-1037). Emma descendait des rois Burgondes qui régnèrent sur le bassin du Rhône et qui utilisaient la croix de St-Maurice (croix copte) très proche de la croix dite occitane. Elle transmit en héritage à leur fils Pons les armoiries du Comtat Venaissin (actuel Vaucluse) qui contiennent la fameuse croix cléchée, vidée et pommetée. La légende dit que c’est le fils de ce dernier, Raymond IV, qui fut le premier à arborer  la croix, dite occitane, après avoir été élu par ses pairs marquis de Provence. A sa suite, tous les  comtes de Toulouse en firent leur emblème jusqu’à Raymond VII. C’est sous cette bannière qu’ils menèrent leurs armées contre les « croisés » français lancés à l’assaut des « Albigeois » durant l’épopée Cathare. La plupart des familles souveraines méridionales ont utilisé cette croix qui fut leur signe de ralliement.

Sous les IIIème et IVème républiques, et au début de la Vème, les emblèmes régionalistes étaient indésirables car ils évoquaient le séparatisme. Mais, depuis l’institution des conseils régionaux, la millénaire bannière « de gueule » (rouge) à la croix d’or est redevenue l’emblème de la ville de Toulouse et celui de la région Midi-Pyrénées tandis que la région Languedoc-Roussillon la mariait au blason catalan. De nombreux clubs sportifs et associations diverses la reprennent dans leurs logos. Elle a traversé l’histoire et n’a jamais été aussi vivante. « Elle appartient à une vieille civilisation et elle est profondément ancrée dans les racines, l’identité et la culture des méridionaux ». (cf. « La croix Occitane » de Bertrand de La Farge – Ed. Labatières).

1ère partie : en 1835, 1ère école rurale à Sainte-Foy d’Aigrefeuille

Histoire de l’école

Il y a tout juste 20 ans l’école actuelle de Sainte-Foy-d’Aigrefeuille était  en fin de construction. Ses portes s’ouvraient pour la 1ère fois aux enfants à la rentrée 1988. C’était une des premières écoles neuves des villages des environs. Mais qu’en était-il de l’école publique de notre commune auparavant ?

Alors que l’assemblée législative des 20 et 21 avril 1792 décidait que les maîtres des écoles seraient désormais appelés «instituteurs» (du latin institutor, celui qui établit, qui enseigne), il fallut attendre 1835, sous le règne de Louis-Philippe, pour que Sainte-Foy voie arriver son premier instituteur en la personne de Gabriel Sacome qui faisait également office de secrétaire de mairie comme c’était souvent le cas pour les instituteurs au 19ème siècle et au début du 20ème, dans les petites communes. Auparavant «le prêtre de la paroisse faisait aller au presbytère les enfants des principaux habitants, leur enseignait à lire et à écrire tout en leur apprenant le service de la messe». C’est ce que nous explique Bernard Lamarque (instituteur) dans sa «monographie de Sainte-Foy d’Aigrefeuille» rédigée en 1886. Mais Gabriel Sacome ne resta que 18 mois à Sainte-Foy. «A son départ, en 1837, la commune fut privée d’instituteur pendant onze ans environ et les enfants de toute espèce d’instruction».(B. Lamarque)

En 1848 le nouveau maire, Mr Lantal, décida d’ouvrir une école avec logement de fonction et jardin dans une maison louée à Mr Séran, près de l’église (où habitent actuellement Mr et Mme Foltran). La classe de 4 mètres sur 4 était destinée à accueillir 9 garçons de 8 à 13 ans (trop petite pour recevoir les filles.. !). Elle était ouverte également aux enfants des communes de Saint-Pierre de Lages, Préserville, Aigrefeuille et Lauzerville dépourvues d’école. Les parents versaient une contribution mensuelle dont étaient dispensés les indigents. L’instituteur était un jeune normalien de Toulouse âgé de 20 ans, Jean-Noël Magnas. Il démissionna  en 1849 et fut remplacé par son frère, Dominique Magnas, jusqu’en 1850, date à laquelle celui-ci fut appelé à un autre poste. L’école de Sainte-Foy se trouva de nouveau sans enseignant jusqu’en 1851.

En 1852, Mr François Lamarque, 22 ans (qui fut le père du rédacteur de la monographie de Sainte-Foy) fut nommé «instituteur public» à l’école de Sainte-Foy d’Aigrefeuille. Il y enseignera toute sa carrière jusqu’à sa retraite prise en 1885, et finira sa vie au village.

Depuis 1848, la municipalité pensait construire une école neuve, la petite classe étant trop exiguë, mais les moyens manquaient et ce n’est qu’en 1853 qu’elle put enfin voter la construction d’une «maison école». Cependant, le temps de réunir, avec beaucoup de difficultés, les fonds nécessaires, le projet ne fut réalisé qu’en 1857 et l’école, encore une fois, ne put accueillir que les garçons car il n’était pas question de mixité à l’époque… ! Ce n’est qu’en 1867 que les filles eurent accès à l’école, après que le conseil départemental de l’instruction publique eût déclaré mixte l’école publique.

En 1874, 55 élèves fréquentaient l’école dont 32 garçons et 23 filles. Celle-ci se révéla de nouveau trop petite et dut subir des aménagements. Une deuxième classe fut construite en 1876, de 12 mètres sur 7, «adossée à l’ouest de la Maison Commune» (à l’emplacement actuel des bureaux de la mairie côté rue). François Lamarque donna également des cours du soir aux adultes du village dont 95% étaient illettrés.

En 1885 c’est son fils Bernard Lamarque, né en 1855 à Sainte-Foy, qui lui succéda. Lui aussi fit toute sa carrière dans la commune et rédigea la monographie du village.

Avec l’arrivée de Jules Ferry au ministère de l’instruction Publique (de 1879 à 1883), l’école devint laïque, gratuite et obligatoire pour tous. Ainsi, le village ne manqua plus d’instituteur. Sainte-Foy d’Aigrefeuille a rendu hommage à ses 1ers instituteurs en donnant aux deux petites places de la côte de Gasparou les noms de Gabriel Sacome et de Bernard Lamarque. L’histoire de l’école se poursuivit au 20ème siècle dans de nouveaux locaux et nous vous conterons la suite grâce aux documents que nous a fournis Simone Larroy, institutrice et directrice à Sainte-Foy de 1963 à 1995.

2ème partie : de la vieille école au groupe scolaire Anne FRANK

Durant la première partie du 20ème siècle la classe se faisait toujours dans l’ancienne école, dans les mêmes conditions mais avec une diminution constante du nombre d’élèves car, à cette époque, beaucoup de gens quittaient la campagne pour la ville.

Il n’y avait plus qu’une classe unique lorsqu’en 1963 arriva une jeune institutrice, Simone Larroy, qui fera toute sa carrière à Sainte-Foy et y prendra sa retraite en 1995. La classe comptait alors 26 élèves, de la classe enfantine au certificat d’études. Il n’y avait pas encore l’eau courante et les enfants s’ébattaient sur la place de la mairie qui tenait lieu de cour de récréation… ! Simone Larroy l’avait faite fermer par une chaîne afin d’assurer la sécurité de son petit monde mais celle-ci s’avérait trop relative et la jeune enseignante manifesta son inquiétude. Le logement de fonction (à l’emplacement de la maison des associations) étant inoccupé et son jardin en friche, on décida de convertir ce dernier en cour de récréation, dotée d’un préau et de trois WC, plus fonctionnelle et plus sécurisée pour les enfants.

En 1977, l’école n’était plus fréquentée que par 13 élèves mais, le bâtiment s’avérant trop vétuste, il fut en partie démoli, reconstruit et surélevé d’un étage. On ouvrit une cantine dans le logement de fonction confiée à « Mimi » Sarrere qui y mitonna avec amour une cuisine familiale, utilisant même les légumes de son jardin ! Elle devint la « Mimi » de tous les enfants !

Cependant la nouvelle municipalité avait décidé, à la demande des habitants conscients que le village et son école se mouraient, le développement de la commune qui ne comptait plus que 272 habitants en 1977.

De nouvelles habitations commencèrent à voir le jour et, très vite, une seconde classe devint nécessaire. Elle fut ouverte en 1980 dans un préfabriqué (derrière l’actuelle pizzeria), qui fut accolé à l’école, l’ancien «atelier scolaire» étant affecté aux garderies du matin et du soir. Il ne manquait plus qu’une classe maternelle qui ne tarda pas à être créée. Le nombre de petits enfants de l’âge requis étant insuffisant à Sainte-Foy c’est une classe maternelle intercommunale qui vit le jour partagée avec 15 petits de Saint-Pierre-de-Lages qui arrivaient en minibus tous les matins. Sainte-Foy avait une vraie école.

Toutefois la municipalité poursuivait son plan de développement du village : les lotissements sortaient de terre les uns après les autres et la construction d’une école plus grande et plus fonctionnelle devint une priorité. Le maire, M. Sicre, dont l’épouse était responsable de la seconde classe élémentaire, était très sensibilisé à la cause de l’école, conscient de son rôle de première importance pour les enfants.

La construction du groupe scolaire Anne Frank fut donc décidée et votée par le conseil municipal. Il sera moderne, esthétique et clair et doté d’une cour exceptionnellement spacieuse, aménagée et ouverte sur la nature.

En septembre 1988 les petits écoliers faisaient leur première rentrée dans cet espace qui leur était entièrement destiné : les petits de la maternelle dans deux classes, dans un premier temps, sous la direction de Catherine Castetbert et les plus grands ensuite dans trois classes (pour 4 à disposition) sous la direction de Simone Larroy.

La  situation du village, les prix très abordables de ses terrains (à l’époque…!) et son école neuve et moderne attirèrent un grand nombre de familles et les ouvertures de nouvelles classes ne cessèrent de se succéder, jusqu’à cinq en maternelle (quatre actuellement) et neuf en élémentaire (7 actuellement).

Une classe en dur fut ajoutée à la maternelle (celle qui donne sur le hall) et petit à petit, des bâtiments préfabriqués mais confortables complétèrent à la fois la maternelle et l’élémentaire.

Cette année, l’école fête ses 20 ans, déjà… ! Au fil des années un grand nombre d’enfants y a vécu ses classes primaires et a engrangé quantité de souvenirs. Mais leur passage et le temps y ont laissé leurs traces et la municipalité a commencé à y entreprendre des travaux de rénovation afin qu’elle continue sa carrière en y accueillant encore beaucoup d’autres petits Saint-Foyens dans de bonnes conditions.

Nos Pigeonniers

Depuis l’antiquité, les pigeons ont toujours été associés aux divinités et liés à la vie des hommes. C’était un symbole de fécondité et, dans la Grèce Antique, les pigeons tiraient le char de la déesse Aphrodite ; dans la tradition chrétienne c’est une colombe qui est le symbole du Saint-Esprit.Elle est aussi le symbole de la Paix lorsqu’elle porte un rameau d’olivier dans son bec, et aussi celui de la liberté, de la pureté, de l’amour lorsqu’elles ou ils sont deux («deux pigeons s’aimaient d’amour tendre….»)

Dans l’histoire, les pigeons ont également servi de messagers entre les hommes sous le nom de pigeons-voyageurs. Au moyen-âge, par exemple, ils portaient leurs messages d’un château à l’autre et à différentes époques, l’armée, qui possédait des pigeonniers militaires, les a utilisés en en faisant de précieux auxiliaires de communication jusqu’à la guerre de 14-18. Les élevages de pigeons-voyageurs étaient très protégés et on en prenait grand soin à tel point qu’il arrivait que l’on dresse même la généalogie des plus beaux et des plus doués.

Dans les exploitations agricoles les pigeons étaient élevés pour la chair des pigeonneaux, très appréciée, mais aussi pour leurs fientes qui constituaient un engrais très prisé. Les fermes dignes de ce nom possédaient des pigeonniers dont les dimensions variaient selon l’importance du domaine et donc la richesse du propriétaire.

Très nombreux dans le Sud-Ouest où l’élevage était une tradition, les pigeonniers présentaient des architectures différentes, selon les endroits, avec des constantes. C’étaient toujours des tours, réminiscence de l’époque médiévale, rondes, carrées ou polygonales, parfois situées sur le bâtiment de la ferme lui-même, et plus souvent isolées dans les champs, pour éviter la pollution causée par les volatiles.

Les toits pouvaient être à 1,2 ou à 4 pans, ces derniers présentant un clocheton appelé « Lanternon », qui se terminait par un «épis de faîtage». A l’origine en bois, puis en pierres ou en briques, parfois à colombages, la tour pouvait être de plain-pied ou sur quatre colonnes ou encore à arcades. Au sommet, dans les murs ou dans le toit, des lucarnes percées de trous ronds ou carrés permettaient aux pigeons de s’introduire dans le bâtiment ou d’en sortir pour prendre leur envol. Ces trous ne faisaient pas plus de 10 cm afin d’en interdire l’accès aux rapaces. De même, des moyens de protection étaient installés pour interrompre l’ascension de prédateurs, comme des bordures de pierre ou de brique, sur les murs, ou des disques de pierre, sortes de «champignons», autour des  piliers…..

Dans le Toulousain, ceux qui nous sont restés sont le plus souvent des tours carrées en briques avec des toits à un pan constitué de deux parties décalées appelés « toit de mulet », parfois intégrées à la ferme, ou avec des toits à 2 ou 4 pans (pyramidal), avec des arcades sous lesquelles était rangé le matériel agricole, isolés dans les champs.

Au XVIème siècle en particulier, des seigneurs voulurent s’en réserver à plusieurs reprises le privilège mais le parlement Toulousain se prononça toujours contre cette demande, le droit de posséder un pigeonnier étant ancré dans les mœurs depuis toujours.

Dans le Lauragais leur fiente,  appelée colombine, était  un engrais très recherché, pour la culture du pastel en particulier. Le produit de la vente des pigeonneaux y était traditionnellement réservé aux valets de ferme pour se distraire.

Tout près de chez nous, dans le bas de la commune d’Odars, près de la maison de maître de « La Borie », on peut voir, un peu en hauteur, au milieu d’un champ, un magnifique pigeonnier carré du XVIIème siècle, très bien conservé, aux dimensions impressionnantes, en briques rouges et à toit pyramidal. Ce pigeonnier, qui fait partie du domaine de « La Borie » est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

Parfois, la surpopulation des pigeons faisait des dégâts mais c’est surtout après 1789 que l’on prit vraiment des mesures, soit en en autorisant la chasse, soit en obligeant les propriétaires à les garder enfermés à certaines périodes de l’année. Au début du XIXème siècle, le Préfet de Toulouse exigea de tenir les pigeons enfermés pendant cinq mois de l’année à cause des ravages qu’ils provoquaient dans les semis !

En 1820, l’administration toulousaine recensa 480 000 pigeons en Haute-Garonne ! Un ingénieur agronome, Théron de Montaugé, demanda que l’on donne un permis de les chasser toute l’année aux propriétaires agricoles.

De nos jours, l’intérêt pour les pigeons a fortement diminué, même si nous aimons encore les déguster de temps en temps. Les dégâts qu’ils provoquent dans les récoltes et sur les monuments des villes, posent toujours un problème et il faut parfois se résoudre à les éliminer.

Cependant, les anciens pigeonniers se dressent toujours dans nos campagnes, constituant des figures de notre patrimoine régional et de nos traditions. Ils sont souvent protégés et restaurés. Nous en trouvons aussi la trace dans les noms de lieux tels que Le Colombier, Colombelle, Colomb, rue de la Colombette.

(Cf. – Les pigeonniers de Midi-Pyrénées – Ed- APA POUX -)

Notre rivière

La Saune

Depuis la crête des coteaux les Romains découvrirent que la vallée s’élargissait dans un paysage verdoyant. Ce site providentiel, baigné par la rivière Saune, était des plus séduisants. Ils décidèrent d’établir une communauté dans ces lieux. Sainte-Foy-d’Aigrefeuille était né.

Sur la hauteur par laquelle ils étaient arrivés, ils tracèrent une « voie romaine » qui était l’ancêtre de l’actuelle D54, axe Tarabel – Lauzerville – Toulouse.

La Saune est un cours d’eau qui traverse la commune d’Est en Ouest. Elle naît au Vaux, entre Maurens et St-Felix-Lauragais, et court dans la direction de Toulouse pour se jeter dans l’Hers à l’entrée de cette ville.

Autrefois, la Saune, dont le nom est d’origine gauloise (« ona », l’eau en gaulois, tout comme dans « Garonne » : « gar », les rochers et « ona » l’eau, donc « l’eau qui vient des rochers ») était un simple ruisseau qui gonflait au cours des orages, débordait et ravageait les récoltes.

Afin d’éviter les dégâts, en 1852 les propriétaires riverains se consultèrent et obtinrent de l’administration du service hydraulique l’autorisation de nommer un syndicat. Ses neuf membres furent désignés par le préfet parmi les plus importants d’entre eux.

Dans sa monographie de Sainte-Foy, en 1886, l’instituteur Bernard Lamarque explique : « Les travaux qui ont été exécutés sur tout son cours ont fait de la Saune une des principales rivières du département ». Mais les travaux les plus importants, comme le curage, ne pouvaient qu’incomber aux communes. En 1972, 17 communes riveraines, dont la plus importante est Toulouse, constituaient le Syndicat Intercommunal d’Aménagement Hydraulique de la Saune. D’importants travaux furent alors entrepris. La Saune étant, bien sûr, essentielle pour l’agriculture, en 1982 il fut décidé de créer des bassins d’irrigation dits « retenues collinaires » comme celui de St Sernin sur la commune de Lanta.

Pierre Sicre, qui fut maire de notre village de 1977 à 2001 et conseiller général de 1979 à 2001, présida le syndicat de la Saune pendant son mandat cantonal. En 1986, il fit creuser le lac de Ste Foy par la société de construction de la rocade alors en chantier. En échange, elle put utiliser la terre prélevée. Depuis 2001, le président est Mr Bonnery, maire de Tarabel.

Dans l’avenir, le Syndicat de la Saune, en collaboration avec les communes membres, et après l’acquisition par celles-ci de parcelles le long des berges, désirerait aménager en promenade les bords de la rivière, de Fonsegrives jusqu’à notre lac, afin que les riverains puissent profiter pleinement des avantages naturels que leur offre leur cadre de vie.

Des hommes au service de leurs concitoyens

Louis et Joseph HUC

Joseph HUC, dont l’avenue de l’entrée principale de la commune porte le nom, est né en 1888 à Sainte-Foy-d’Aigrefeuille dans une famille de grands propriétaires terriens. Il était le fils de Louis HUC qui fut maire du village de 1890 à 1926, soit 36 ans, et fait chevalier de la légion d’honneur en 1925.

Dès 1908, à l’âge de 20 ans, Joseph s’engage politiquement au parti Républicain Radical Socialiste. Il fait la guerre de 1914 et obtient plusieurs décorations, puis la guerre de Serbie comme poilu d’Orient, au cours de laquelle il attrape le paludisme dont il ne se remettra jamais totalement et qui aliènera sa santé.

Pourtant il n’oublie pas son engagement et décide de se mettre au service de ses concitoyens en se faisant élire, très jeune encore, conseiller d’arrondissement en 1919 puis en 1925 ; enfin adjoint au maire puis maire de Sainte-Foy-d’Aigrefeuille de 1944 jusqu’en 1947. Les conseillers d’arrondissement précédèrent les conseillers généraux mais, n’avaient qu’un pouvoir politique alors que ces derniers ont également un pouvoir économique ; ils dépendaient des sous-préfets.

Joseph HUC joua un rôle social important, à la fois dans sa commune et dans son arrondissement, s’attachant à aider, en toute occasion, la cause des agriculteurs. Il disait dans sa profession de foi, en 1925 « l’organisation rationnelle d’un enseignement agricole pratique est au nombre des problèmes locaux qui retiendront plus particulièrement mon attention ».

Sa fille, mademoiselle Marie-Louise HUC, n’a pas hésité à céder un terrain à la commune lorsque notre ancien maire, Pierre SICRE le lui demanda pour l’aménagement du lac, ajoutant « je vous donnerai ce que vous voudrez au prix que vous voudrez ».

L’intérêt de la commune ayant toujours prévalu dans cette famille qui l’a servie avec dévouement, elle a bien mérité que le nom d’un des siens soit donné à une avenue de notre village.

Un éminent Saint-foyen

Victor MOLINIER

Nous empruntons tous les jours l’avenue principale de notre village qui porte le nom de Victor MOLINIER. Ce personnage éminent mérite que la feuille lui rende hommage.

Victor MOLINIER  est né en 1799 à Turin où son père, Capitaine des Dragons dans l’armée d’Italie servait Bonaparte. A sa retraite il se retira sur le domaine familial à Sainte-Foy d’Aigrefeuille (au petit château actuellement occupé par la famille Saint-Paul). En 1810 Victor fut placé à l’école Saint-Martial à Toulouse où il devint bachelier.

Suivant les traces de son grand-père, avocat au parlement de Toulouse, et de son oncle, président du Tribunal de Villefranche de Lauragais, il devint étudiant à la faculté de droit de Toulouse. Il fut reçu avocat en 1821 et débuta au barreau de Villefranche puis se maria.

Après la Restauration il se tourna vers la magistrature et, en 1831, fut nommé Procureur du Roi à Villefranche puis substitut près le tribunal de Toulouse. Mais ce qui l’intéressait le plus c’était la «science du droit», son histoire, sa philosophie et son enseignement. Il passa donc sa thèse de doctorat en 1838 et, après avoir été professeur suppléant, se consacrant en particulier au droit pénal dans lequel il acquit une réputation européenne, il fut nommé, en 1846, professeur titulaire de la Chaire de droit criminel qui venait d’être créée à l’Ecole du Droit, la seconde après Paris.

Victor Molinier devint une référence dans la science du droit pénal, au niveau européen.

En 1851 il fonda, avec un collègue, l’Académie de Législation de Toulouse qui communiquait avec toute l’Europe ; en 1860 il fut nommé chevalier de la légion d’honneur et en 1861 chevalier de l’ordre de St Jacques de l’Epée du Portugal ; en 1871 il était décoré de la couronne d’Italie, puis commandeur après des travaux sur le droit pénal italien. Il restait attaché au pays dans lequel il était né et dont le roi l’invita, en 1880, à un congrès juridique à Turin.

En 1881, savant criminaliste hautement reconnu, il fut nommé officier de la Légion d’Honneur de même qu’en Belgique. Toutes les académies européennes lui ouvraient leurs portes. Entre temps il avait été chargé de cours de droit constitutionnel, matière nouvellement introduite dans les facultés.

A côté de cette brillante carrière de juriste il avait entrepris une carrière politique et fut élu conseiller général du canton de Lanta. Il travailla très longtemps mais, petit à petit, il dut renoncer à donner ses cours et s’arrêta à 86 ans.

En 1887, à l’âge de 88 ans, il mourut d’une congestion pulmonaire à peine arrivé à Paris, avec sa fille, où le Président de la République l’avait désigné pour siéger, à titre honoraire à cause de son grand âge, dans une commission extra parlementaire chargée de préparer la révision de la législation pénale. Il avait tenu à s’y rendre malgré tout.

Ce grand et estimé professeur était en avance sur son temps puisqu’il posait un regard critique sur le système pénitentiaire et ses abus, et pensait qu’il fallait supprimer la peine de mort.

Il publia de nombreux livres dont « Du droit de punir et de la peine de mort » et même une « Notice historique sur la prise et la démolition de la forteresse du Pujol par les Toulousains pendant la guerre des Albigeois », bataille qui eut lieu chez nous.

Mémoire des communes

L’état-civil

«Dès qu’une société s’organisa on s’inquiéta de fixer par l’écriture la situation des personnes dans la famille et celle-ci dans la cité ou la nation»*. En effet depuis l’Antiquité les hommes ont ressenti l’utilité de recenser par écrit «les différents faits qui établissent la condition d’un individu et fondent son mode légal d’existence»*, comme l’enregistrement de sa naissance, de son mariage et de son décès. Très vite cette pratique s’avéra nécessaire pour résoudre les problèmes de filiation, de parenté, d’héritage, de recensement, de droit, de justice, etc… Les précieux documents qui nous ont été laissés en héritage et gardés dans les mairies, contiennent les traces de l’existence de nos ancêtres, leur histoire et leur mémoire et donc celles des communes où ils vécurent. L’ensemble des actes rédigés par les officiers chargés par la loi de les enregistrer constitue l’état-civil. La mairie de Sainte-Foy a commencé à faire restaurer et relier les registres les plus anciens de la commune par «l’Atelier du patrimoine» afin de leur assurer une meilleure conservation. Ces documents doivent être archivés à perpétuité.

Les actes d’état-civil ont été précédés des actes paroissiaux. Ces derniers furent organisés selon les instructions du roi François 1er précisées dans l’ordonnance de Villiers-Coterêts en 1539. Il demandait aux prêtres d’inscrire et dater dans des registres les baptêmes, mariages, et sépultures de paroissiens. Les prêtres tinrent ces registres  plus ou moins bien selon la culture qu’ils avaient reçue. Si certains se montrèrent négligents d’autres en firent de véritables chroniques villageoises, d’où leur intérêt pour les historiens.

Au fil du temps d’autres rois ajoutèrent leurs propres instructions. Ainsi Louis XIV, par une ordonnance d’avril 1667 (Le «Code Louis»), détailla les modalités selon lesquelles devaient être rédigés les actes, après avoir constaté la fantaisie avec laquelle certains registres étaient tenus.

Durant la Révolution de 1789 des églises furent incendiées et des registres paroissiaux disparurent. Très vite, on parla de créer un  état-civil des citoyens, ce qui ne fut fait qu’en septembre 1792 par l’Assemblée législative qui décida par décret qu’il serait confié aux maires. Ainsi les paroisses devinrent des communes. Ce ne furent plus les sacrements et les sépultures qui furent notés mais les naissances, les mariages civils et les décès, dans un seul registre pour les petites communes de moins de 1500 habitants et dans trois registres différents pour les communes plus importantes. Toutes les modalités furent précisées dans un décret de la Convention Nationale du 19 décembre 1792. Les actes devaient être inscrits par ordre de date (d’après le calendrier républicain) et chaque registre devait posséder une liste alphabétique (tables décennales).

Outre les noms et prénoms des personnes et la date (en lettres) de l’événement, devaient être mentionnés les noms, âge, profession et lieu de domicile des parents et ceux des deux témoins (obligatoires) ainsi que le lien de parenté (ou d’amitié ou de voisinage), les gens naissant et mourant chez eux à l’époque. Enfin, chacun devait apposer sa signature s’il savait écrire (ce qui était rarement le cas à la campagne) ainsi que le maire. Depuis 1823 les actes portent un numéro d’ordre et d’autres réformes plus ou moins importantes eurent lieu au fil du temps.

En ce qui concerne notre commune, nous avons découvert dans nos archives qu’en 1793 Sainte-Foy ne possédait pas encore de «maison commune» et que les registres étaient tenus dans «la chapelle Notre-Dame» dans l’ancienne église. Autre curiosité, en l’absence du maire c’était le curé qui officiait, celui-ci ayant été élu au «Conseil Général de la Commune». Il est à remarquer également qu’il existe dans nos archives des registres aux noms de Saint-Martin-de Ronsac et du Pujol jusqu’en 1835, date à laquelle ces localités cessèrent d’être des communes indépendantes pour être rattachées à Sainte-Foy.

De nos jours les témoins ne sont plus nécessaires pour les déclarations des naissances et des décès, les enfants naissant dans les milieux hospitaliers et les médecins établissant des certificats de décès. Toutefois ils sont toujours obligatoires pour les mariages. Dans les instructions officielles des formules modèles à suivre sont données aux mairies pour la rédaction des actes. A Sainte-Foy, ceux-ci sont informatisés depuis le 1er janvier 2005. Les doubles sont transmis chaque année au procureur de la République. Ces dernières années tous les actes d’état-civil de la Haute-Garonne ont été mis sur fichier informatique aux archives de Toulouse.

Actuellement beaucoup de gens soucieux de retrouver la trace de leurs ancêtres se plongent dans ces précieux registres, mais seuls ceux de plus de cent ans peuvent être consultés. Ils offrent une mine de renseignements inestimable pour l’établissement des arbres généalogiques et de grands moments d’émotion pour ceux qui y font des découvertes.

citations du généalogiste Yann Grandeau.

En 30 ans,

Une explosion démographique extraordinaire !

Il nous a été demandé de faire un article sur l’évolution de la population de Sainte-Foy. En effet, le gros village qu’est devenue notre commune n’a plus rien à voir avec la petite commune rurale qu’elle fut jusque dans les années 70, tant son expansion a été spectaculaire depuis.

Jadis, au temps de la culture du pastel (15ème-16ème siècle) puis du développement des cultures céréalières et vivrières (17-18ème et début du 19ème siècle), le Lauragais était une région riche et très peuplée.

Mais à partir de la deuxième moitié du 19ème siècle l’exode rural vide les campagnes lauragaises. Dans sa «Monographie de la commune de Sainte-Foy d’Aigrefeuille», François Lamarque, instituteur de 1851 à 1885, dresse un tableau des différents recensements depuis 1856. Nous y constatons une diminution constante et inexorable de la population au fil des ans à cause, dit-il, «de la funeste inclination qu’ont les habitants des campagnes à déserter leur pays natal pour aller habiter les villes». De 464 habitants en 1856 la population est passée à 360 habitants en 1885. Au début du 20ème siècle, la guerre de 14-18 prendra beaucoup de jeunes dans le Lauragais (30% !), dont 16 à Sainte-Foy. Ceux qui restent continuent de quitter les villages, en grand nombre, pour aller travailler à la ville. Entre temps, la guerre de 39-45 fera elle-aussi son prélèvement.

En 1977, seules 272 personnes vivaient encore à Sainte-Foy, et pas des plus jeunes puisque l’école, sur le point de fermer, n’était plus occupée que par 13 élèves. C’est alors que, conscients du problème, des saint-foyens demandèrent à l’un des leurs, Pierre Sicre, d’être leur Maire pour développer et faire vivre leur commune. Après quelques hésitations celui-ci accepta et, avec son conseil municipal, se mit au travail. De 1977 à 2001, la petite commune rurale moribonde devint la commune jeune et dynamique qu’elle est aujourd’hui.

Les acteurs de cette transformation furent aidés en cela par l’attrait exercé par l’expansion économique de Toulouse et sa région dans les années 80 et surtout 90. Le développement de l’aéronautique, de zones industrielles (Labège-Innopole par exemple) attira une population venue de toutes les régions de France. Le Lauragais aux «mille collines», avec ses beaux paysages vallonnés et sa douceur de vivre retint l’attention de tous ces candidats au logement. Sainte-Foy d’Aigrefeuille, par sa situation idéale, à la fois à la campagne et proche de la ville, ses terrains inoccupés aux prix encore abordables à l’époque, son école neuve, sa crèche et son lac, recueillit un vif succès. Tout était fait pour accueillir les nouveaux arrivants : d’abord la construction du «Lac I» et du «Lac II», du «Parc», des «Bruges» et du «Val de Saune», suivis très vite du «Lac III», du «Clos Fongautier» et de «La Lauragaise», sans oublier les lotissements plus petits. En 1990, Sainte-Foy comptait déjà 750 habitants et en 1999, 1631 habitants !

Au dernier recensement complémentaire de 2004, nous étions 1931. Nous sommes actuellement un peu plus de 2000. En 30 ans, la population de Sainte-Foy d’Aigrefeuille a été multipliée par huit !