Le moulin

La disparition des moulins du Lauragais

Au mois de mai ont eu lieu les journées portes ouvertes des moulins et du patrimoine meunier d’Europe. A cette occasion, «La Voix du Midi-Lauragais», a consacré sa Une et trois pages entières à «l’histoire des moulins qui ont nourri le Lauragais», «terre de moulins» par excellence avec les neuf vents qui balaient ses cultures céréalières.

Le Lauragais, audois et haut-garonnais réunis, a compté jusqu’à 500 moulins, à vent et à eau, avec une nette domination des moulins à vent ! Nous pouvons en voir les vestiges à travers les silhouettes de certains, amputés de leurs ailes ou en ruines. A Ste-Foy nous avons encore un de ces moulins à vent qui est annexé à une habitation à Baillac, en face d’un autre moulin à eau celui-ci, appelé «En farine», dont il reste encore le bâtiment et la maçonnerie en brique du partage des eaux de la Saune destinées à l’alimenter.

Les moulins ont commencé à disparaître pendant la guerre de 14, lorsque les gens ont arrêté de faire leur pain eux-mêmes. On a continué de les utiliser pour les animaux mais, les exploitants agricoles les ont peu à peu remplacés par des concasseurs qui donnaient une farine grossière pour la farine animale. Pendant la guerre de 39 ceux-ci furent interdits et scellés par des contrôleurs pour que l’on ne les utilise pas pour faire de la farine de blé.

Entre 1930 et 1935 «le gouvernement interdit de créer, étendre, suréquiper et déplacer les moulins à vent». A ceci s’ajoute «l’instauration d’une contribution foncière» de 1 500 francs par an «pour les moulins qui ne fonctionnent pas mais ont conservé leurs ailes».

Cet impôt amena les propriétaires à scier les ailes de leurs moulins et parfois à les démonter. Petit à petit les derniers d’entre eux cessèrent de fonctionner et furent abandonnés. Ils tombèrent en ruines et furent parfois rasés pour laisser la place à des constructions modernes. Le dernier, celui de Cambiac, fonctionna quand même jusqu’en 1960.

La nostalgie des moulins

Les familles de meuniers gardèrent la nostalgie de leur moulin. Depuis quelques années, certains ont été restaurés pour être visités et être les témoins d’un patrimoine historique, comme ceux du Mas Saintes-Puelles, à Quint-Fonsegrives, ou celui de Montbrun-Lauragais, où se déroulent des fêtes.

Voici les vers pleins de nostalgie qu’un curé de village du Lauragais a composés en 1925 :

«Le moulin de Lacroisille,
A moulu plus de cent ans,
Et voilà qu’il se lézarde,
Et tremblote au vent d’Autan.
Il tend au soleil qui brille.
Ses lambeaux à tous les vents»

Et ceux de la descendante d’une dynastie de meuniers, Nadine Alary :

«Debouts, au-dessus du village,
Ils regardaient venir l’aouta (le vent d’Autan)
Et défiaient même l’orage,
Qui ce soir-là les terrassa.
Où êtes-vous géants de pierre
Aux grands bras dressés vers le ciel ?
Vous n’êtes plus sur cette terre
Qu’un tas de décombres au soleil».

(Cf : «La vie des hommes et des femmes du Lauragais», tome I, de Paul Villa, éditions Lacour.)